Gaël LE DEROFF
SEPA Bon Accueil, Rennes
exposition du 18 novembre au 18 décembre 2005

« La grâce est une remise de peine accordée par les exécuteurs des hautes œuvres après la condamnation prononcée, et qui laisse subsister la flétrissure morale du jugement, dont elle arrête seulement les effets. »

Résolue à peindre, et face à l'éternelle question du sujet (que peindre? pourquoi?), Gaël Le Déroff décide de choisir arbitrairement ses cibles, notamment une automobile, dont la finalité deviendra dès lors de devenir plane. Cette inéluctabilité lui permettra d’explorer les territoires de la représentation jusqu’à leurs limites. De dessins en icônes, de frottages en empreintes directes, toutes les façons de peindre un sujet seront visitées. Parallèlement elle met en œuvre divers autres chantiers, plus ou moins prodigues en inédit, jusqu'à ce qu'apparaisse une figure dont la nature même réclame qu'on la représente : le dinosaure. Disparu, il doit être peint pour être vu. Le devoir du peintre est donc de l’aider à apparaître.
« Je pourrais dire que le dinosaure est apparu après le frottage de voitures. Que le frottage (…) fut un mur infranchissable pour moi. Que dans ce cul-de-sac de la représentation, j’ai dû rebrousser chemin et me suis retrouvée en plaine, avec autour, tous les possibles de la peinture. (…) Que le dinosaure est "infrottable" et que son inexistence le rendait à mes yeux «en demande» de peinture. Que certaine de ne pas me retrouver à nouveau devant le mur du frottage, et dédouanée du poids du choix du sujet par mon commanditaire dinosaurien, je fus happée dans cette direction. Que cela est possible mais qu’il est aussi possible que la Peinture soit dieu et que le dinosaure soit un envoyé d’Elle, qui fut pour moi une apparition. Que j’ai du mal à me voir en vierge ou en élue et donc que je dis que je suis son serviteur, ou son officiant, ou son exécutant. »
Le peintre se pose en intermédiaire entre le tableau et son sujet en voie d’apparition. Après avoir débarrassé sa pratique des considérations cosmétiques et superflues de la couleur, Gaël Le Déroff peut concentrer son attention sur les conditions de cette apparition. « J’interviens le moins possible dans la réalisation des tableaux, j’organise juste le terrain pour que [la peinture] puisse faire ce qu’elle veut, pour qu’elle fasse le tableau au moins autant que moi. »
Aucun dinosaure n'a été blessé durant la préparation de cette exposition.

<<