Programme de rencontres autour de l’œuvre Scaling Housing Unit de Benoît-Marie Moriceau

La Maison Radieuse est largement inscrite dans l’environnement urbain de l’agglomération nantaise. Elle est visible depuis de multiples points de vues (toits d’immeubles, parcs, zones industrielles, ponts, bords de Loire) et l’intervention de Benoît-Marie Moriceau s’appuie sur cette variété de contextes et la possibilité d’appréhender le monument à distance. Sur les trois sites qui figurent sur la carte seront organisées des rencontres et des conférences tout au long de l’été. Des questions en lien avec le projet Scaling Housing Unit (la pensée du Corbusier, la relation entre l’art et l’architecture, la perception du paysage urbain, les perspectives de l’art dans l’espace public…) seront abordées par les personnalités invitées.

Benoît-Marie Moriceau, Scaling Housing Unit, 2013
photo : André Morin
© Moriceau / ADAGP 2013

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Mardi 17 septembre à 19h
Place Haute, École nationale supérieure d'architecture, Nantes

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Alice Laguarda, « Utopies et réalités
Modernisme architectural et création artistique contemporaine »

L’unité d’habitation de Rezé s’inscrit dans l’histoire des utopies architecturales et urbaines dont l’un des moments majeurs prend forme au XIXe siècle avec le Phalanstère de Charles Fourier puis le Familistère de Jean-Baptiste Godin. Avec son œuvre Scaling Housing Unit, Benoît-Marie Moriceau crée une confrontation entre la monumentalité du bâtiment de Le Corbusier et les idées d’exploit, d’aventure, mais aussi de précarité et de danger.
Prolongeant ce dialogue, l’évocation de propositions artistiques contemporaines (d’Adrien Missika à Joep Van Lieshout, de Kader Attia à Jordi Colomer) nous permettra d’interroger le modernisme architectural, son idéologie et son esthétique. Les relations entre les échelles du corps humain, de l’architecture et du paysage, la fonction spectaculaire du monument ou encore les questions de l’habiter et du « vivre-ensemble » seront des points d’appui pour identifier les échecs et les espoirs des utopies urbaines et leur mise en perspective critique par les artistes.

Alice Laguarda est critique d’art et d’architecture, collaboratrice des revues art press et L’Architecture d’Aujourd’hui. Elle est professeur d’esthétique et enseignante-chercheuse à l’Esam Caen/Cherbourg.

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Dimanche 8 septembre à 19h
Esplanade Jean Bruneau, rue de l'Hermitage, Nantes

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Pascal Riffaud, « Du silo à la montagne : vers un paysage »

" L’œuvre de Benoit Marie Moriceau modifie la perception de la Maison Radieuse. Elle fait glisser l’architecture vers une dimension « paysagère ». En 1923, avec son manifeste « Vers une architecture », Le Corbusier, fasciné par son échelle, introduit le silo dans l’architecture « voici des silos et des usines américaines, magnifiques prémices du nouveau temps… ». En 1995, dans son texte « Bigness », Rem Koolhas emploie la métaphore de l’alpinisme : « Au-delà d’une certaine échelle, l’architecture acquiert les propriétés de la Bigness. La meilleure raison que l’on ait d’aborder la Bigness, c’est celle que donnent les alpinistes qui s’attaquent à l’Everest : « parce que ça existe ». La Bigness est l’architecture ultime ». Au regard de l’œuvre « Scaling Housing Unit » et de la production architecturale des 50 dernières années, qu’en est-il de ce nouvel item de l’architecture contemporaine que représente la montagne ? "

Pascal Riffaud
architecte, Block Architectes, Nantes et enseignant à l’ESBA Angers

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Vendredi 12 juillet à 19h
Quai du Président Wilson, Nantes

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Christophe Le gac, « De la cellule pirate au mur systolique »

Benoît-Marie Moriceau a posé des modules sur le pignon nord de l'unité d'habitation Le Corbusier à Rezé.
Cet acte de confronter un style d'habitat fragile à la force du béton renvoie à un tout un pan de l'histoire de l'architecture : « l’implantation libre de cellules individuelles, évolutives et mobiles » sur des bâtiments préexistants. Dans les années 60, autour des architectes Chanéac, Pascal Haüsermann, Antti Lovag et de la figure tutélaire de l'écrivain Michel Ragon, le Groupe International d’Architecture Prospective revendiquait une alternative à l'angle droit tout en s'appuyant dessus. L’utilisation de structure parasite en constituait l’essence même. L'exemple le plus célèbre reste sans conteste celui mené par Marcel Lachat, à Genève, en décembre 1971. Cet ami d'Haüsermann appliqua à la lettre le « manifeste de l'architecture insurrectionnelle » formulé, à Bruxelles, par Chanéac le 4 mai 1968 ! Son "fait divers" bouscula les aspects juridiques, sociaux et esthétiques de la
barre dite de style international.
A suivre…
A partir de ces figures historiques jusqu'aux plus récentes expériences architecturales « liquides », une sorte de récit, de croissances et d'excroissances architecturales, tentera d’incrémenter la proposition faite sur
« la maison radieuse ».

Christophe Le gac, architecte dplg et enseignant à l’ESBA Angers

2005...