Time Line
SARAH FAUGUET et DAVID COUSINARD


clichés : Martin Argyroglo
Production Tripode

Sarah Fauguet et David Cousinard n’hésitent pas à s’accaparer tout entier le volume d’une galerie pour la neutraliser et aménager différents espaces comme une Salle de passage à tabac (L’impasse, Paris, 2004). Tout aussi manifeste est l’installation in situ Johnny vingt-trois (>Public, Paris, 2005) avec entrée, salle de bureaux, salle administrative, où absolument toutes les surfaces des pièces sont recouvertes et les sols surélevés. À l’intérieur de ces espaces cohabitent nombre d’objets factices à la présence ambiguë que l’on peut retrouver à plusieurs reprises dans les installations tels qu’ascenseurs, coffres et conduits en bois, mobilier en plâtre, accessoires (Objets contondants, série de sculptures tournées en frêne, 2004-2005 ; Protège-dent, bronze 2005) et autres blasons dessinés ou sculptés en bas-reliefs. Tous ces éléments prennent place dans la composition et ménagent des plans au fil d’un parcours ponctué par des ouvertures vitrées ou des miroirs sans tain, des découpages qui participent successivement à la construction d’images au climat inquiet, suscitent des sentiments contradictoires. Embarqué dans un monde agité et décalé, le visiteur se trouve immergé dans la pratique des jeux d’échelles, de l’objet sculptural au monument, ce qui le renvoie inévitablement à la physicalité des matériaux autant qu’à celle des corps.
Time Line est une nouvelle installation de ce duo artistique, pensée en relation au lieu et produite spécialement pour l’exposition. Composé d’un habitacle enveloppant l’atelier de prototypage, antre d’expérimentation, l’ensemble des formes agence un dispositif dont le développement suggère l’idée de la morphogénèse où alternent figures et hybridations et l’élaboration d’un spécimen momentanément inaccessible, l’enceinte d’une vision. La notion de reproduction recouvre de multiples phénomènes. Celui de la métamorphose occupe tout entier le travail de Sarah Fauguet et David Cousinard. L’oeuvre rejoue elle-même par une série de déplacements et de substitutions les effets de transfiguration et de prolifération imposée par la reproductibilité d’une image. Ce pouvoir accordé à la photographie représente un des moments de la constellation Time Line.

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