Le jardin noir
ALEXANDRE BARTH feat. PHILIPPE DAERENDINGER


L'exèdre, 2009


La coupe est pleine, 2009


vue d'ensemble


Railroad Sleeping Man, 2009


La trappe, 2009


Sport Hall, 2009


La feuille, 2009

Recouvrant de nombreuses significations symboliques, le jardin constitue le lieu de multiples représentations savantes. Généralement, il désigne un terrain, un enclos. S’y épanouissent autant les visions du coeur et des délices, de l’ornement, de l’émotion, que celles de la raison, d’un ordonnancement géométrique et d’une volonté de maîtrise de la nature. Sa fonction et son agencement varient, composent des espaces utiles ou d’agrément où l’échange et le regard se font curieux, secrets ou indiscrets.
L’exposition Le jardin noir peut se concevoir comme une portion de paysage halluciné, un monde abyssale enfermé dans une boule neigeuse dont les images représentent des scènes bucoliques, des monuments ou encore des portraits. Le jardin noir est une des ces reconstitutions fantasmées, un collage mental à la fois étrange et harmonieux.
Bien qu’il duplique le réel, Alexandre Barth s’est débarrassé de la question de la sublimation. Cependant il subsiste un trouble léger, subtil et prégnant. Quelque chose ne colle pas. Tout onirique qu’il soit, ce jardin aux sentiers qui bifurquent a quelque chose d’anxiogène. Aucune sieste ne dure dans Le jardin noir. On ne rêve pas qu’on dort.

Feat’s coming!
Tripode présente une suite à l’exposition d’Alexandre Barth à décourvir à partir du 13 janvier 2010.
Philippe Daerendinger, artiste suisse résidant à Lausanne, répond à l’invitation d’Alexandre Barth d’intervenir dans Le jardin noir : « Il était difficile pour moi de ne pas réfléchir en réaction aux sculptures d’Alexandre. Je l’ai donc fait pour quelques propositions ».


vue d'ensemble


vue d'ensemble


Philippe Daerendinger, d'après La trappe


Philippe Daerendinger, d'après Railroad Sleeping Man


Philippe Daerendinger, d'après Sports Hall


Philippe Daerendinger, d'après La feuille

Le jardin noir invite à une promenade organisée autour de différents éléments pour introduire une atmosphère singulière et une multiplicité de formes d’apparition. Une construction en bois semi-circulaire (Exèdre, 2009), s’inscrit dans l’architecture de la galerie et fonctionne comme une entrée, un passage pour faciliter le contact entre des interlocuteurs ou simplement permettre de se reposer, de demeurer seul ou à plusieurs, de s’y tenir autour d’une sculpture polychrome (La coupe est pleine, 2009) trônant au sommet d’un socle.
Réalisée en pâte à modeler avec les couleurs d’un nuancier complet, cette sculpture révèle une masse étrange, une accumulation de gestes dont le mouvement des empreintes unit joyeusement chaque couleur, comme mille images froissées. Plus loin, des plateaux en bois disposés à différentes hauteurs, agencés symétriquement dans l’espace et travaillés comme des parquets avec des motifs particuliers présentent des sculptures faites en pâte à modeler blanche dont l’aspect laiteux de sa surface évoque la sculpture classique en marbre ou en plâtre. Les sculptures, La trappe, La feuille, Railroad Sleeping Man, Sports Hall (2009), pourraient apparaître comme l’illustration de vanités dont la symbolique voudrait y voir le silence, l’attente, le secret, la mort. Or, à travers sa pratique du collage, de l’intégration ou de la combinaison et par le biais d’une histoire imagée du jardin, de la sculpture et du regard, Alexandre Barth s’amuse à questionner la notion d’auteur dans les circonstances d’une collaboration, de l’apprentissage des images par lequel se donne à voir la dimension temporelle, la relation et la mesure de l’oeuvre au temps, non sans évoquer le geste iconoclaste de Rauschenberg s’appropriant un dessin de De Kooning (Erased De Kooning, 1953) après l’avoir gommé. Les plateaux sont à la fois plans de travail, sols, présentoirs, pour devenir plateformes de jeu. Philippe Daerendinger conçoit une exposition dans l’exposition, auto-engendrée, en établissant un protocole s’appuyant sur l’essence même du matériau pâte à modeler consistant à remodeler les sculptures présentes à partir d’indications (croquis, texte). De l’exposition, entièrement rejouée, ré-appropriée, les éléments de présentation étant toujours les mêmes, émerge l’élaboration expérimentale d’une nouvelle temporalité, de perceptions instables, d’images véridiques ou trompeuses qui n’auraient que l’apparence de la réalité, l’éveil d’un songe.

www.alexandrebarth.com

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