Jean-François KARST

Après six mois d'absence, Tripode est de retour sur la scène artistique. À l'invitation de la Ville de Rezé, l'association investira par deux fois cette année la galerie de l'Espace Diderot, espace d'exposition bien connu, attenant à la médiathèque de la ville.
Le nouveau programme d'expositions de Tripode, initulé "suggestion de présentation", comme une invitation pour les artistes à revisiter la pratique de l'exposition, ne pouvait débuter en un meilleur endroit que l'Espace Diderot, galerie atypique, toute en longueur, aux murs noirs et obliques, oeuvre du célèbre achitecte italien Massimiliano Fuksas.
Le premier épisode verra l'artiste rennais Jean-François Karst relever le défi de cet espace hors- normes. Certains reconnaîtront cet artiste pour avoir déjà vu ses dessins chez Tripode en 2002, lors de la deuxième exposition organisée par l'association. Centré sur la peinture, le travail de Jean-François Karst en explore sans cesse les limites. En effet, faire de la peinture ne consiste pas seulement à étaler un matériau pelliculaire sur une surface plane que l'on accroche au mur :
"L’espace entre un spectateur et un tableau m’intéresse tout autant que l’espace même d’un tableau. Ainsi, il m’arrive de n’utiliser ni le matériau peinture, ni l’objet tableau. (...) Ne pouvant m’empêcher de montrer et de prendre en compte le tableau comme un objet bel et bien physique avec ses règles matérielles de construction, il s’agit avant tout de construire plus que de composer. La construction implique une mise en oeuvre et une mise en forme d’idées par le biais d’éléments indispensables. Ces éléments sont les couleurs, la lumière, les formes, les matières et les matériaux, les textures, les juxtapositions, mais aussi les superpositions, les transparences, les plans, et les innombrables indices
qui dans un certain ordre signaleront le sens de lecture pour l’oeil, puis des directions pour le regard et pour le corps tout entier. J’envisage souvent les rapports entre une personne et une oeuvre d’art comme une succession de parcours dans un espace, c’est-à-dire dans plusieurs dimensions. Ces parcours nécessitent le déplacement physique couplé au temps du regard. A partir du premier coup d’oeil, le temps donne la mesure des échanges, des points de vue selon les pistes suivies. En suivant les pistes données par la construction, on obtient par étapes une direction permettant de suivre les
différents actes et actions qui font le contenu d’un dessin, d’un tableau et de tout ce qui peut être donné à voir. Ce qu’on voit de loin n’est pas ce qu’on voit de près. C’est en regardant en plusieurs fois que se perçoivent les différences entre ce qui semble être et ce qui est, entre ce qui se fait et se défait, entre ce qui était et ce qui devient." (JFK)
La fréquentation d'une oeuvre d'art s'inscrit dans le temps autant que dans l'espace. Les oeuvres de Jean-François Karst, installations, dessins ou videos, convient chacun à une expérience visuelle dont la peinture est le sujet aussi bien que l'objet. Ce faisant il explore toutes les dimensions de la peinture, jusqu'à la quatrième...
Un artiste qui interroge et chahute ainsi le cadre de sa pratique à chaque exposition était donc tout indiqué pour ouvrir le bal de la nouvelle saison de Tripode. Il prépare, on l'aura deviné, une installation d'envergure, à l'échelle de ce lieu unique, dont nous vous réservons la surprise.
Attachez vos ceintures, Tripode est de retour.

extrait vidéo

<<

Photo : Emmanuelle Chauveau