Adrien Vescovi
Amnesia

Suggestion de présentation, épisode 32
6 juin - 11 juillet 2015
vue de l'exposition, détail
photo : Marc Domage

On peut voir en filigrane dans le travail d’Adrien Vescovi l’influence des mouvements artistiques expérimentaux et transdisciplinaires du XXe siècle, qui cherchaient à affranchir l’art du lyrisme de l’abstraction autant que des pièges de la figuration, pour produire et inscrire l’oeuvre dans la réalité elle-même. Son style emprunte au design, à la couture, au prototypage industriel, autant qu’aux sports de glisse et leurs esthétiques vestimentaires.

En 2013, Adrien Vescovi amorce le long développement d’une réflexion sur la grille, tant comme motif que comme support. La nécessité de sortir du white cube et de sa neutralité supposée pour s’épanouir en extérieur devient évidente. Il commence alors à travailler « sur le motif », les murs, toits et palissades du paysage urbanisé qui l’entoure. En extérieur, exposées aux éléments, les oeuvres recueillent les variations climatiques et le passage du temps ; cette nouvelle relation à l’espace conduit à une imbibition du temps sur les toiles. Il en vient à utiliser le climat comme outil pictural, ajoute l’instable à la peinture. À l’instar de la mémoire, subdivisée et animée, l’oeuvre se fait le lieu de l’organisation et de la mobilité.
Adrien Vescovi échafaude alors un dispositif spontané, propice à la réalisation de collages, qui lui permet d’introduire une touche de pétulance. Il y greffe des monochromes, se glisse dans le tableau dans un geste profane, voisin du vandalisme. Les références constantes à des formes géométriques introduisent dans sa peinture abstraite l’idée du futurisme, de l’anticipation. Chaque itération d’Amnesia fixe pour un temps sous les regards les états transitoires de ce corpus d’oeuvres en perpétuelle évolution, avant que les éléments qui le composent ne soient de nouveau mis en jeu dans un autre projet, jusqu’à l’oubli.
Pour Tripode, Adrien Vescovi réalise une installation de peintures préparées ces trois derniers mois. Les toiles, tissus d’ameublement de diverses natures et provenances, montés sur des châssis de confection, ont été impressionnées et décolorées par des éléments naturels alpins, particulièrement intenses. Le projet utopiste d’apporter la lumière, et notamment les UV-A les plus forts, ceux de la montagne, dans cet espace obscur, écarté des éléments, on ne peut plus artificiel, serait celui d’amener la nature dans la culture, de relier le sauvage au domestique, de concilier le geste spontané au travail de précision. Une façon de cristalliser l’instant comme s’il était possible, pour un temps, de retarder l’inévitable.

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