ANNULÉ
VINCENT GANIVET

“Pour essayer de mettre les choses dans l’ordre, l’idée générale serait de tout prendre à l’envers!”
Tel est le postulat de l’artiste. Inscrite dans un dispositif d’installation, l’exposition présente une nouvelle réalisation vidéo, conçue spécialement pour cette manifestation spectaculaire détournée, voire inversée en un solo show post-apocalyptique.
Vincent Ganivet n’hésite pas à organiser des évènements qui prennent des tournures d’accident, voire de dérapage contrôlé. Amateur de glissements, retournements et autres pirouettes, il s’ingénie à prendre le monde à contrepied. Avec ses constructions en parpaings, sculptures instables, plus ou moins périlleuses pour le visiteur, comme avec son “feu d’artifice tiré à l’intérieur de la galerie”, ou autre “dégât des eaux”, il se joue des convenances et d’une certaine réalité catastrophiste. L’eau, le mortier, la poudre, un compresseur ou une poubelle sont, autant que d’autres outils et matériaux, ceux du peintre et du sculpteur. La galerie d’exposition de l’espace Diderot, élevée par l’architecte italien Massimiliano Fuksas, pose ses contraintes mais offre en retour son potentiel imaginaire. Elle est aussi, en d’autres occasions, une salle de spectacle avec son gradin. Un terrain de jeu rêvé pour qui pratique le système D, et ce que cela suppose comme risque, pour en extraire une forme poétique. Le lieu s’avère l’endroit idéal pour expérimenter la relation au temps, suspendu en un mouvement hypnotique. Un feu d’artifice, tiré au lever du jour, a perdu ses couleurs dans un grand ciel blanc monochrome. Des phosphènes scintillent çà et là. Si l’artifice est fait de ruse et d’habileté, d’effets qui peuvent être lumineux, sonores, fumigènes, mécaniques, en somme plus ou moins déterminés et en totalité dédiés au divertissement, source de réconciliation et d’unité, ici il est sans effet. L’émotion dissipée, tout est calme, comme pour mieux faire état des lieux et en lire les contours. That’s all ready-made, ou presque.

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